Agression à Beaurepaire : ‘‘un élu très calme et très gentil’’
Un petit mot sur un pare-brise puis un coup de tête qui se solde par huit jours d’ITT. Vendredi 2 février, vers 14 h 30, le 2e adjoint au maire de Beaurepaire, « village tranquille et paisible » d’à peine 500 habitants, a violemment été agressé par un administré, également voisin de l’élu.
La victime n’a pas été hospitalisée mais a été vue par un médecin. Son agresseur a été interpellé « très rapidement puis entendu dans le cadre d’une garde à vue » , confirme la gendarmerie, en charge de l’enquête. Une réponse pénale a été apportée et cet habitant devra s’expliquer devant la justice.
« Son agresseur lui a sauté dessus par surprise et lui a mis un coup de boule dans le cadre de sa fonction d’élu »
« Nous le connaissons comme ça. Il n’a visiblement pas apprécié de découvrir un ‘‘papillon’’ rédigé par le maire et apposé sur son pare-brise pour lui demander de déplacer sa voiture ‘‘ventouse’‘ stationnée sur un parking public depuis trop longtemps » , explique Pierre-Emmanuel Hautot.
Christian Lemesle, 72 ans, sortait de chez lui et venait de placer le message quand « son agresseur lui a sauté dessus par surprise et lui a mis un coup de boule dans le cadre de sa fonction d’élu, insiste Pierre-Emmanuel Hautot, premier adjoint au maire de Beaurepaire (et conseiller régional) . Il est tombé au sol. Cet administré, âgé d’une cinquantaine d’années et domicilié à proximité de notre collègue, lui a fait savoir qu’il n’appréciait pas le mot de la mairie » .
Les élus locaux écartent toute violence liée à un éventuel conflit de voisinage.
L’ÉQUIPE MUNICIPALE SIDÉRÉE
« L’équipe municipale comme la population sont sidérées. Cette agression, a fortiori contre un élu, est intolérable. Christian Lemesle est quelqu’un de très calme et de très gentil » , poursuit l’édile beaurepairais.
RASSEMBLEMENT RÉPUBLICAIN SAMEDI
De fait, la municipalité appelle à un rassemblement républicain samedi devant la mairie. À la fois en soutien au 2e adjoint frappé et très choqué mais aussi pour dénoncer les violences physiques et verbales dont sont victimes les élus. Elles sont de plus en plus nombreuses, comme en attestent les chiffres de 2023.
À telle enseigne que ce mardi 6 février 2024, et après le Sénat, les députés examinent un texte pour renforcer la sécurité des maires et des élus locaux. Il prévoit notamment des sanctions plus dures et un meilleur accompagnement en cas d’agression.
Habitants et élus rassemblés ce samedi 10 février
Par VIRGINIE VEISS
Il n’y a guère de passants dans les petites rues et chemins de la commune de Beaurepaire ce mardi 6 février, en début d’après-midi. Quatre jours après l’agression de l’adjoint au maire Christian Lesmesle devant son domicile, les quelques personnes rencontrées sont affectées. Vendredi, l’élu avait été molesté par un administré, mécontent d’avoir trouvé sur son pare-brise un papier déposé par le maire lui indiquant de ne pas stationner trop longtemps sur le même parking. « C’est une commune où il fait bon vivre, il n’y a jamais de problème », explique un habitant.
Le maire, Carol Gondouin, n’a pas souhaité s’exprimer à la presse. Il a toutefois largement communiqué auprès de ses administrés via Facebook ou encore l’application PanneauPocket. « Un boîtage sera réalisé afin que tout le monde soit informé. Certaines personnes ne vont pas sur les réseaux sociaux », explique la secrétaire de mairie. « Les habitants au courant trouvent cela inadmissible », ajoute-t-elle. Le maire n’a pas seulement alerté ses administrés, son courrier les invitait à un rassemblement républicain samedi 10 février à 11 h devant la mairie. « J’ai vu l’information mardi matin. J’ai contacté Christian Lemesle, il est choqué. Il est désagréable de savoir que les gens en viennent aux mains, surtout pour un bout de papier posé sur un pare-brise », explique Yves Basire, membre du comité des fêtes et du club des Jonquilles. Il sera présent ce samedi devant la mairie.
Depuis plusieurs années, l’ADM76 et l’AMF sont mobilisées sur la recrudescence des incivilités et l’inquiétante multiplication des agressions verbales et physiques envers les élus. À plusieurs reprises, elles ont alerté les pouvoirs publics. L’ADM76 a lancé un appel aux collègues élus en les invitant à participer au rassemblement républicain.
Contacté, le procureur de la République du Havre, Bruno Dieudonné, a confirmé que l’homme avait été placé en garde à vue vendredi. Une audition qui a pris fin le jour même. Selon des sources concordantes, l’homme assez âgé, habitant à proximité de l’élu, fera l’objet d’une composition pénale devant le délégué du procureur de la République.